Portée par la pandémie, boostée durant les confinements, la télémédecine a démontré son utilité ces derniers mois. Les professionnels de santé comme les patients se sont habitué à cette nouvelle façon de consulter ou d'effectuer des suivis en santé. En 2020, 5,4% des consultations médicales en France ont été réalisées à distance. C'est une véritable explosion de la pratique, qui était seulement de 0,1% des actes en 2019. Cependant, ce canal d'échange reste encore très en deçà de ce qui s'est pratiqué en Europe. La télémédecine française prend ses marques et devrait croitre de manière très importantes dans les mois et années à venir.
Une étude à l'échelle européenne, auprès des patients et des professionnels de santé
Pour mesurer les usages, l'Agence du Numérique en Santé a publié il y a quelques jours sa 3ème édition du baromètre de la télémédecine (coordonnée par l'institut Odoxa, pour le compte de l'ANS et du Magazine de la Santé).
L'étude compile les données issues d'enquêtes auprès de 3000 français et les compare aux réponses de groupes d'anglais, d'italiens, d'espagnols et d'allemands (500 personnes pour chaque nationalité). Côté professionnels de santé, l'enquête à sollicité 260 médecins et 250 infirmiers.
Progression de l'usage de la télémédecine : l'explosion en 2020
L'usage de télémédecine a fortement progressé en 2020. En effet, 20% des personnes interrogées en France ont déclaré avoir déjà effectué une téléconsultation médicale (6% avant le confinement de mars 2020 et 14% depuis). Ce chiffre est supérieur à celui de l'Allemagne (10%) mais très inférieur à celui de l’Italie (22%), du Royaume-Uni (42%) ou encore de l’Espagne (55%).
Du côté des patients, l'usage a été multiplié par 3,33 (+14 points). Une progression française qui est très encourageante, avec d'importantes marges pour un développement encore plus marqué, notamment grâce à la confiance des patients pour la téléconsultation.
Les médecins quant à eux sont 69% à avoir déjà effectué une téléconsultation, 16% avant mars 2020 et 53% pendant ou après le premier confinement.
Avec +70 points en un an, la pratique de la télémédecine par les médecins généralistes a été multipliée par 6,8 en un an.
Un taux de satisfaction en augmentation
La télémédecine dispose désormais d'une bonne image, avec un excellent niveau de satisfaction en Europe. Elle culmine d'ailleurs en France avec 88% de satisfaits, parmi lesquels 39% de très satisfaits.
Les raisons expliquant la satisfaction des patients à l’égard des téléconsultations sont très prosaïques : la nécessité (période de confinement) arrive en tête des motifs de satisfaction, talonné par un bon fonctionnement sur le plan technique.
Du côté professionnel, 85% des médecins ayant effectué plus de 100 consultations sont satisfaits de leur expérience. Un marqueur important pour déterminer l'avenir de la télémédecine et anticiper une progression qui devrait s'intensifier encore en 2021. Ce sont d'ailleurs 64% des médecins ayant testé la téléconsultation qui affirment désormais qu'elle est inscrite dans leur pratique.
Un boulevard pour développer la télémédecine
Recours plus fréquent, connaissance de la télémédecine et de son utilité perçue, satisfaction des ses utilisateurs : le baromètre retire de cette étude 7 faits saillants. Ces derniers conduisent le Président d'Odoxa à affirmer que la "Télémédecine dispose d'un boulevard pour se développer". Cependant il faudra - toujours selon lui - que les pouvoirs publics prennent leur part de responsabilité dans son développement, notamment en communiquant, rassurant et en expliquant ses bonnes pratiques et ses avantages aux professionnels comme aux patients.
Lever les freins du côté des médecins
Les médecins n'ayant pas eu recours à la téléconsultation l'expliquent par trois raisons principales :
- ils préfèrent, par principe, voir leurs patients en présentiel (38%, +4 points en 2020)- ils ne disposent pas des outils nécessaires pour téléconsulter (35%, -5 points)
- ils pensent que leur diagnostic sera moins sûr (15%, -4 points)
Le recul des deux derniers points laisse à penser que les médecins commencent à mieux appréhender les aspects techniques et organisationnels. Les éditeurs de logiciels de consultation en vidéo ont également pris le problème en compte et travaillent à proposer des outils toujours plus simples d'usage tout en garantissant un niveau de sécurité élevé.
Enfin, l'étude démontre que la téléconsultation s’imposera de plus en plus à l’avenir : 57% des médecins actuellement « réfractaires » pensent qu’ils l’utiliseront à l’avenir, soit 10 points de plus qu’en juin dernier !