Au delà des peurs et préjugés, la pratique de la téléconsultation médicale offre aujourd'hui un nouvel espace thérapeutique au médecin qui envisage de téléconsulter. Un espace thérapeutique un peu différent du colloque singulier habituel au cabinet et qui répond à certaines règles. Voici toutes les questions à se poser avant de mettre en place la téléconsultation.
Paradoxalement à ce que cette nouvelle pratique laisse à penser, la médecine à distance présente de nombreux avantages par rapport à la consultation médicale en cabinet :
Comme dans la pratique médicale habituelle, les prises de décision médicales et les prescriptions suivent le plus souvent une démarche probabiliste type traitement d'épreuve. Mais compte-tenu de l'absence d'examen clinique, qui rend moins précis le diagnostic envisagé, il est nécessaire pour réduire les risques médico-légaux pour le médecin télé-consultant débutant et pour le patient, de proposer une consultation en présentiel si les symptômes persistent ou si de nouveaux surviennent.
La demande d'examens complémentaires permet aussi, comme dans les consultations au cabinet, de revoir le patient et de réévaluer le diagnostic par l'évolution clinique et les résultats des examens complémentaires prescrits.
Enfin il ne faut pas hésiter à conseiller une consultation en urgence si le tableau clinique concerne un risque d'urgence chirurgical, neurologique, digestif, cardiovasculaire... C'est ici que l'interrogatoire prend toute son importance pour suppléer à l'absence d'examen clinique.
Enfin il est possible aussi, même en téléconsultation, de proposer un auto-examen par le patient lui-même, certes moins fiable que le nôtre du fait de son inexpérience mais qui nous donnera une piste pour la situation clinique : faire palper les adénopathies sous angulo-maxilaires, la paroi abdominale, ou de montrer des lésions dermatologiques par la visio ou un fond de gorge. L'occasion d'un transfert de compétences qui sera utile au patient ultérieurement et qu'il appréciera en particulier quand il s'agit d'enfants.
Enfin les appels pour une médecine à distance ont un biais de sélection : les vraies urgences ou les urgences ressenties conduisent à un appel aux services d'urgence (le 15 par exemple) et la médecine à distance est plutôt sollicitée pour des demande de conseils médicaux, de réassurance, des renouvellements d'ordonnances ou des prescription d'examens complémentaires (IST).
70 à 80% des échanges en téléconsultation permettent de trouver une réponse partielle ou complète à la demande exprimée.
En résumé, la téléconsultation ne s'improvise pas. Elle doit s'organiser pour permettre un nouveau mode de consultation pas si différent finalement de la consultation classique au cabinet.