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Téléconsultation médicale: les questions à se poser avant de se lancer

Rédigé par Dr Jean-Pierre R. | 14 nov. 2018

Au delà des peurs et préjugés, la pratique de la téléconsultation médicale offre aujourd'hui un nouvel espace thérapeutique au médecin qui envisage de téléconsulter. Un espace thérapeutique un peu différent du colloque singulier habituel au cabinet et qui répond à certaines règles. Voici toutes les questions à se poser avant de mettre en place la téléconsultation.


Comprendre les avantages 

Paradoxalement à ce que cette nouvelle pratique laisse à penser, la médecine à distance présente de nombreux avantages par rapport à la consultation médicale en cabinet :

  • Liberté de lieu de télé-consultation : on peut télé-consulter lors de déplacements ou chez soi ;
  • Un colloque singulier avec le patient renforcé par un « effet bulle » de la vision et de l'audio. Lorsque c'est possible utilisez ou conseillez des écouteurs ou un casque ;
  • La découverte aussi parfois de l'environnement de vie du patient comme lors d'une visite à domicile ;
  • Une réduction des déplacements est aussi favorisée par la télé-consultation ;
  • Possibilité de choisir ses plages horaires de médecin télé-consultant et de proposer au patient de l'appeler quand vous êtes disponible ;

Evaluer les risques

Comme dans la pratique médicale habituelle, les prises de décision médicales et les prescriptions suivent le plus souvent une démarche probabiliste type traitement d'épreuve. Mais compte-tenu de l'absence d'examen clinique, qui rend moins précis le diagnostic envisagé, il est nécessaire pour réduire les risques médico-légaux pour le médecin télé-consultant débutant et pour le patient, de proposer une consultation en présentiel  si les symptômes persistent ou si de nouveaux surviennent.
La demande d'examens complémentaires permet aussi, comme dans les consultations au cabinet, de revoir le patient et de réévaluer le diagnostic par l'évolution clinique et les résultats des examens complémentaires prescrits.
Enfin il ne faut pas hésiter à conseiller une consultation en urgence si le tableau clinique concerne un risque d'urgence chirurgical, neurologique, digestif, cardiovasculaire... C'est ici que l'interrogatoire prend toute son importance pour suppléer à l'absence d'examen clinique.

 

Etre prêt à rendre le patient acteur de la consultation

Enfin il est possible aussi, même en téléconsultation, de proposer un auto-examen par le patient lui-même, certes moins fiable que le nôtre du fait de son inexpérience mais qui nous donnera une piste pour la situation clinique : faire palper les adénopathies sous angulo-maxilaires, la paroi abdominale, ou de montrer des lésions dermatologiques par la visio ou un fond de gorge. L'occasion d'un transfert de compétences qui sera utile au patient ultérieurement et qu'il appréciera en particulier quand il s'agit d'enfants.

Enfin les appels pour une médecine à distance ont un biais de sélection : les vraies urgences ou les urgences ressenties conduisent à un appel aux services d'urgence (le 15 par exemple) et la médecine à distance est plutôt sollicitée pour des demande de conseils médicaux, de réassurance, des renouvellements d'ordonnances ou des prescription d'examens complémentaires (IST).

70 à 80% des échanges en téléconsultation permettent de trouver une réponse partielle ou complète à la demande exprimée.

 

S'assurer de bonnes conditions de pratique 

  • Pour un confort maximal lors d'un l'échange audio et vidéo par téléconsultation, il est préférable d'opter pour un matériel numérique performant : smartphone tablette ou ordinateur récent, 4G accessible, débit wifi suffisant (fibre ou VDSL). 
  • Un espace de travail (cabinet, bureau, salon) où le médecin peut être tranquille et qui assure la confidentialité des échanges. À noter que l'utilisation du smartphone en téléconsultation médicale est tout à fait possible même en extérieur à condition que la confidentialité soit respectée (pas de téléconsultation en public dans un café par exemple) et que la qualité audio des échanges soit suffisamment bonne (pas de vent sur le micro, pas de brouhaha dans l'environnement).

En résumé, la téléconsultation ne s'improvise pas. Elle doit s'organiser pour permettre un nouveau mode de consultation pas si différent finalement de la consultation classique au cabinet.