Diminution des délais de prise en charge, de la durée d’hospitalisation, déplacements inutiles et fatigants évités. La télémédecine en Ehpad s’annonce comme un progrès dans la prise en charge des patients fragiles.
Pour des raisons de santé physique ou mentale, les résidents des EHPAD ont besoin de soins au quotidien. Ils ont aussi besoin d’une aide plus ou moins importante dans les actes de la vie de tous les jours, comme toute personne dépendante. Les plus âgés et les plus vulnérables d’entre eux, souffrant de pathologies lourdes notamment, ont de grandes difficultés à se déplacer. Certains déplacements en ambulance à l’hôpital notamment peuvent s’avérer délicats et épuisants pour certains. Dans ces situations, le choix de la télémédecine pour les patients fragiles prend tout son sens. Il ne s’agit pas d’une télémédecine en Ehpad qui viendrait combler un manque de soins, mais au contraire d’un outil supplémentaire dans la coordination des soins. La télémédecine à destination des patients fragiles améliore leur prise en charge en limitant les déplacements pénibles ou les hospitalisations inutiles. Elle est aussi un atout dans la qualité de prise en charge puisqu’elle permet aux professionnels de santé des EHPAD d’avoir des échanges directs avec des spécialistes, en assistant une téléconsultation ou grâce à la télé-expertise.
La TTE (Téléconsultation avec un médecin Traitant en EHPAD) se fait à la demande du personnel soignant de l’établissement. La télémédecine pour les patients fragiles a pour but premier de leur éviter les hospitalisations inutiles ou les déplacements délicats. En aucun cas elle ne doit se substituer aux soins indispensables au patient réalisables uniquement en dehors de l’Ephad. La télémédecine en Ehpad n’a pas non plus vocation à remplacer le rapport humain si précieux pour la personne âgée vulnérable avec son médecin traitant. Elle doit rester un outil supplémentaire de prise en charge. En cas d’aggravation soudaine et non prévisible de l’état d’un patient ne nécessitant toutefois pas l’intervention du SAMU, la TTE, avec l’accord du patient, permet également au médecin traitant de réaliser un interrogatoire clinique dans des conditions sécurisées, et de recueillir les éléments nécessaires à l’analyse de la situation. Cette consultation a lieu en présence du professionnel de santé de l’Ephad concerné. Prise de pouls, de température, de tension… celui-ci pourra réaliser à distance des examens de santé et prendre des mesures grâce au diagnostic du médecin télé-consulté. Ce dernier pourra au besoin prescrire un traitement, ou juger de la nécessité d’une hospitalisation.
Par le recours aux outils numériques qu’elle suppose, la télémédecine pour les patients fragiles n’est pas encore évidente. Sa mise en place pérenne et son réel déploiement dans les Ehpad pourrait prendre encore quelques années. Même si l’épidémie de Covid 19 a commencé à banaliser la téléconsultation, les résidents des Ehpad opposent encore une résistance à cet outil. En effet, ils sont issus d’une génération qui n’a pas connu l’outil informatique. Ils sont aussi plus enclins à privilégier une « médecine humaine ». Or, sans la collaboration active du patient, la téléconsultation pose problème au niveau éthique comme technique. De plus, la téléconsultation à destination des patients fragiles mobilise un professionnel de santé auprès du patient sur une durée bien supérieure à celle d’une consultation classique, du fait de la fréquente pluripathologie constatée chez les résidents d’Ehpad. L’intervention de spécialistes est aussi très souvent nécessaire. Ces constats questionnent la pertinence de l’acte de téléconsultation en Ehpad. En revanche, la télé-expertise ou la télé-régulation semblent être des actes de télémédecine en Ehpad adaptés. Pour les professionnels de santé, la télémédecine en Ehpad offre enfin une meilleure coordination des compétences, notamment en zones isolées.