La téléconsultation entre peu à peu dans les pratiques en France. Cette avancée ouvre le champ à un usage renforcé par les médecins comme par les patients. Vue comme une évolution par ceux l'ayant testé, les réticences vis à vis de la téléconsultation, bénéficiant maintenant d'une "image positive" , s'estompent progressivement. Voici un point sur l'usage de télémédecine en France.
Le premier baromètre « télémédecine » de l'Agence Numérique en Santé (ANS) [sondage ODOXA du 27 janvier 2020] [1] révèle la bonne opinion des Français et des professionnels à l’égard de la télémédecine. Si seulement 13% des médecins et 6% des patients y ont eu recours en 2019, les prévisions d’utilisation de la télémédecine sont optimistes.
Les usages numériques en médecine deviennent plus familiers des Français. En effet, 80% déclarent connaître les termes « télémédecine » et « téléconsultation », et 60% appréhendent les termes « téléexpertise » et « télésurveillance médicale». Les professionnels de santé se sont même bien approprié l’ensemble de ces termes puisqu’ils sont 84% à les identifier parfaitement.
L’image positive de la télémédecine (une « bonne opinion globale ») est partagée par 70% des personnels soignants et 60% des patients.
source: odoxa.fr
Lorsqu’elle a été expérimentée, la téléconsultation satisfait autant les professionnels de santé (86%) que les patients (71%).
Ainsi, 50% des praticiens souhaitent intégrer la téléconsultation et la télémédecine à leurs pratiques, et 40% des patients français aimeraient y avoir recours.
Selon les praticiens de santé interrogés, la téléconsultation devrait se développer et pour ceux qui ne l’utilisent pas encore, cela fait partie des projets d’équipement pour 64% d’entre eux.
Parmi les patients Français, 6% sont passés par la téléconsultation. En revanche, 14% y sont familiarisés parce qu’un proche l’utilise ou qu’un praticien leur a suggéré de consulter un médecin à distance.
Le recours à la téléconsultation est encore timoré. Effectivement, 13% des médecins et 9% des professionnels de santé ont exercé au moins une fois en téléconsultation. Et en moyenne, 22 téléconsultations ont été réalisées par les médecins.
Si 40% n’ont effectué qu’entre une et cinq téléconsultations , 21% d’entre eux ont consulté plus de 30 fois à distance.
Cependant parmi les praticiens qui ont déjà exercé en téléconsultation, seulement 1 sur 2 déclare que « la téléconsultation est désormais inscrite » dans leurs pratiques.
Lorsqu’elle a été utilisée, la téléconsultation est cependant vécue comme une expérience positive par 86% des soignants et 71% des patients. Des progrès restent néanmoins à accomplir.
Du côté des patients, 36% expliquent que « tout a bien fonctionné » et que « c’est pareil qu’une consultation normale ». 29% des patients se sont même sentis « à l’aise comme dans une consultation en présentiel ».
Malgré cela, les problèmes techniques et la confidentialité représentent les deux axes d’amélioration.
Même s’ils sont 63% à être satisfaits, les praticiens qui utilisent la téléconsultation indiquent des dysfonctionnements généralement liés au son (25%), à l’image (33%) et à la connexion (33%).
Les moyens techniques sont faciles à changer pour optimiser l’exercice de la téléconsultation et développer une mise en application plus fréquente. En effet, 50% des professionnels de santé réfractaires à la téléconsultation déclarent ne pas disposer des outils nécessaires.
Ainsi, 45% des soignants ont employé une plateforme, 35% une webcam et un téléphone, mais aussi Skype, FaceTime ou Whatsapp pour 27%.
L’utilisation de ces technologies, qui relèvent plutôt d’un usage domestique, pourrait expliquer les défaillances techniques et les risques quant à la confidentialité des échanges.
En effet, un équipement particulier est requis pour la réalisation de ces actes, tels qu’un logiciel approprié, du matériel audio et vidéo de qualité, et des appareils médicaux adaptés. Le côté légal à son importance puisque seul le recours à une plate-forme de téléconsultation agrée données de Santé certifie la confidentialité des échanges et du stockage des informations.
Les professionnels de santé réfractaires à la téléconsultation modifient peu à peu leurs perspectives.
Ainsi 64% des médecins et 60% des soignants envisagent de l’intégrer à leurs pratiques.
En effet, pour l’ensemble des professionnels de santé, la téléconsultation ouvre l’accès à l’offre de soin aux personnes âgées et à ceux qui éprouvent des difficultés à se déplacer.
Le déploiement est progressif et majoritairement lié à l’éloignement géographique ou aux contraintes de déplacement des patients.
Selon le panorama, ont été consulté à distance, les patients qui habitent loin (49%), ceux qui se déplacent difficilement (27%) et ceux qui sont hospitalisés (22%).
Actuellement, les téléconsultations ont lieu au domicile du patient (57%), dans un établissement de santé (27%) et au sein d’une maison de retraite (22 %).
Pour les perspectives, patients et praticiens pensent que la téléconsultation sera systématique pour les actes dits « bureaucratiques et répétitifs ».
Les praticiens sont convaincus que la téléconsultation facilite l’accès aux soins de santé sur l’ensemble du territoire. Ils sont 82% à affirmer que la téléconsultation complète leur offre thérapeutique.
D’autre part, 62% des patients déclarent qu’ils suivraient les recommandations de leur médecin si celui-ci leur proposait la téléconsultation. Cette incitation positive se base sur la confiance que le patient accorde à son médecin. Aujourd’hui, les médecins devraient être en mesure d’expliquer à leurs patients que la téléconsultation ne déshumanise pas leur interaction et qu’elle est équivalente à une visite en présentiel.
Une attention particulière doit être portée aux conditions matérielles dans lesquelles la téléconsultation se déroule. Seuls les équipements sécurisés et conformes à la réglementation permettent de pratiquer des consultations sûres et efficaces.
Sur le plan relationnel, les soignants pensent qu’un professionnel devrait accompagner le patient pendant une séance afin de l’aider et de le rassurer. Cette approche pourrait contrecarrer le côté « impersonnel » ou « moins efficace » que certains patients reprochent à la téléconsultation.
---------------------
Source : [sondage ODOXA du 27 janvier 2020]
[1] Enquête réalisée par internet entre le 13 et le 25 novembre 2019, auprès d'un échantillon de Français et de professionnels de plus de 18 ans.
Échantillons : 3012 personnes dont un sous-échantillon de 2630 patients ayant eu dans l'année une consultation en cabinet (84%) ou à l'hôpital (60%). 522 professionnels de santé ont été interrogés, dont 254 médecins (116 généralistes, 138 spécialistes) et 268 infirmiers ou infirmières.