Qu'ils travaillent à l'hôpital ou en ville, les médecins sont particulièrement touchés par le syndrome d'épuisement professionnel, aussi appelé burn-out. Quels sont ceux qui sont touchés ? Dans quel contexte le burnout des professionnels de santé trouve-t'il le terrain pour s'installer ? Et enfin quelles solutions s'offrent aux professionnels pour s'en sortir ?
Interruptions et sollicitations permanentes durant la journée, tâches administratives nombreuses et pesantes, temps de pause insuffisants, sentiment de ne jamais voir la salle d'attente se vider... Les médecins sont très exposés à l'épuisement professionnel et diverses études indiquait que 53% des médecins se sentaient menacés par le burn-out, et ce phénomène touche tout particulièrement les généralistes (60,8%).
Concernant les praticiens hospitaliers, pour lesquels deux psychiatres de l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille ont compilé les données de 37 études menées entre 2010 et 2017. Leur constat est effrayant : 49% des médecins hospitaliers éprouvent au moins un des trois symptômes caractéristiques de cet épuisement.
Défini par l'OMS, dans sa onzième révision de la Classification internationale des maladies (ICD-11), le burn-out est rattaché à un stress chronique lié au travail. L'organisation précise que c’est “un syndrome résultant d’un stress chronique au travail qui n’a pas été géré avec succès”.
Dans ses manifestations les plus marquantes, le burnout des médecins prend la forme d'une lassitude, d'une perte du sentiment d’accomplissement ou encore d'une déshumanisation du soin. Le burn-out est ainsi responsable de dépressions, d’addictions voire de suicide chez les médecins, notamment chez ceux qui travaillent de manière isolée, dans des zones en sous-densité médicale. Il peut également être à l'origine d'une augmentation du risque d'infarctus du myocarde ou d'AVC.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, ce n'est pas tant le volume d'heures de travail hebdomadaires qui va influencer le burn-out des médecins. Ses principales racines sont souvent ailleurs selon les spécialistes de cette pathologie :
Selon l'Organisation Mondiale de la Santé, que nous citions plus haut, trois dimensions viennent caractériser le burn-out :
Comment faire la différence entre une fatigue passagère et un véritable burn-out du médecin ? Selon les experts trois symptômes caractéristiques du burn-out des médecins doivent alerter celui qui en est victime :
Face aux chiffres inquiétants du nombre de médecins touchés par le burn-out, plusieurs dispositifs existent.
Depuis janvier 2018, tout médecin qui est en difficulté peut être aidé par le Conseil national de l’Ordre des médecins au 0800 288 038 (appel gratuit). Cette plate-forme téléphonique est destinée aux médecins mais également aux internes en difficultés.
Il les met en relation avec des médecins de la commission départementale d’entraide ordinale ou d’une association régionale d’entraide. Si nécessaire ils sont également pris en charge par un psychologue clinicien. Ce numéro est ouvert 24h/24, 7j/7 et a vocation à répondre aux souffrances des médecins, tant sur le plan psychologiques que pour venir en aide à ceux qui ont des difficultés financières.
Si parler du problème est un premier pas pour sortir du burn-out, il est essentiel de prendre du recul. Cela peut passer par un arrêt provisoire du travail, le temps de se recentrer et de rechercher le sens qui fait défaut à celui qui souffre de l'épuisement professionnel.
Réorganiser sa manière de travailler apparait aussi indispensable pour se départir de ce sentiment croissant de surcharge de travail et d'incapacité à faire face. Pour remonter la pente, il est possible de se faire accompagner par un soignant (psychologue) ou encore de faire appel à des associations qui ont pris conscience de l'ampleur du problème, comme SPS (Soins aux Professionnels de Santé).